QORCHÂL
AHMED HAJOUBI : 2017.07.27
27 JULHO A 31 DE AGOSTO DE 2017 : INSTALAÇÃO
En plus de la gestation naturelle qui dure 9 mois, ma mère m’a porté sur le dos, presque toujours nu, pendant 4 longues années !
Etant le dernier de ses six portées, elle devait avoir un faible pour moi, ou peut-être devait-elle sentir que j’étais fragile et que j’avais besoin de protection continue ! Autant dire que cette posture permanente (attaché à son dos) a généré entre elle et moi un rapport fusionnel, dont les séquelles affectives sont toujours présentes ! Comment allait se produire la séparation physique ? Quand la maman décide de sevrer son bébé, la rupture est pénible, et se traduit souvent par une souffrance, certainement mutuelle, dont l’intensité et la durée sont fonction du rapport entretenu et de l’environnement immédiat. Eh bien cet acte de sevrage, qui en arabe dialectal se dit « laftim » peut très bien s’appliquer à celui de la séparation physique quant au port de l’enfant sur le dos. Jamais je n’aurais pensé que le « qorchal », outil servant à carder ou peigner la laine de bétail, et qui aujourd’hui envahit tout mon travail artistique, aussi bien mes peintures que mes sculptures ou mes installations, avait pour source originelle « laftim » !
Car un groupe de femmes, proche de ma mère, n’a rien trouvé de mieux à faire que de lui conseiller de placer ce qorchal entre elle et moi, c’est-à-dire entre son dos et mon ventre nu, les pointes métalliques dirigées contre moi ! Effectivement, le jour-même, cet outil a eu sur moi l’effet escompté, à savoir une réaction vive de rejet de la posture, libérant aussi bien ma mère que moi-même. Qu’a pu engendrer en moi cette forte sensation métallique et tranchante, traduite par des cicatrices, à jamais gravées dans ma mémoire et dans ma chair ? Tout ce que je sais, c’est que l’outil de rupture d’un jour s’est avéré lien de toujours…
Ahmed Hajoubi , 2013